UDC 904:726.8"653"(497.11)
904(363)"04"
DOI: 10.2298/STA0757113I
113
VUJADIN IVANI[EVI], Institut Archeologique, Belgrade
MICHEL KAZANSKI, Centre Nationale de la Recherche Scientifique, Paris
NOUVELLE NÉCROPOLE DES
GRANDES MIGRATIONS DE SINGIDUNUM
Sommaire. – Les auteurs publient une nouvelle nécropole des Grandes migrations mise au jour à Singidunum. Il est question de
trois tombes dont la dernière dégagée (2/2006) a apporté, grâce à son mobilier funéraire conservé intact, d'importantes données
sur l'installation des barbares à Singidunum, importante place romaine du limes danubien. Le rituel d'inhumation, avec dépôt
dans la tombe des armes brisées du défunt, a été rapproché des pratiques des Germains danubiens. Cette sépulture, et plus largement l'ensemble de la nécropole en question où ont été inhumés des guerriers, est datée de l'époque de la domination des Huns.
Mots clés – Mésie I, Singidunum, Limes, Nécropole, Grande Migration, Germains.
D
urant toute la période des Grandes migrations Singidunum connaît des changements
dramatiques et de profonds bouleversements. Ceux-ci se reflètent tout particulièrement à travers plusieurs nécropoles aménagées sur l’espace
même du camp militaire et de la ville romaine, ainsi
que dans ses proches environs. Les deux premières
ont été mises au jour sur l’aire correspondant au castrum, respectivement sur l’espace de la Ville basse, à
proximité du port romain (Nécropole I), et dans le
parc de Veliki Kalemegdan, à l’emplacement de l’angle
méridional du castrum (Nécropole II).1 Un troisième
ensemble funéraire, visiblement plus vaste que les deux
précédents, a été dégagé à l’emplacement de l’habitat
antique occupant le versant s’abaissant vers le Danube,
en contre bas du camp militaire (Nécropole III). Il
s’agit d’une grande nécropole datant des Grandes
migrations dans laquelle les inhumations peuvent être
suivies de la fin du IVe – début du Ve siècle à la fin
du VIe – début du VIIe siècle (Fig. 1).2 Pour ce qui est
de l’espace de la ville romaine, on note aussi la
découverte d’une tombe détruite à Zeleni Venac,3 ainsi
qu’une trouvaille funéraire provenant d’un emplacement inconnu.4 Enfin, à proximité immédiate de
Singidunum, on enregistre une tombe isolée dans le
quartier de Karaburma5 et les restes d’une nécropole
détruite à Ostruþnica.6 Pour ce qui est des habitats de
l’époque des Grandes migrations, de nombreuses traces ont été relevées tant sur l’aire de la ville romaine
que dans ses alentours. A en juger par les nombreuses
trouvailles de céramique et d’autres objets caractéristiques, les installations les plus importantes se sont
STARINAR LVII/2007.
développées au pied du castrum, à proximité du port,
ainsi que dans l’espace même du camp militaire
correspondant à la pointe de l’éperon qui domine le
confluent du Danube et de la Save.7
Durant les années 2005 et 2006, des fouilles
archéologiques conduites sur l’aire de la Forteresse de
Belgrade, et plus précisément son faubourg occidental,
ont mis au jour les restes d’une nouvelle nécropole
datant des Grandes migrations (Nécropole IV).8 Il est
de toute évidence question ici d’un ensemble funéraire
distinct que l’on peut reconnaître en tant que tel pour
deux raisons : tout d’abord, la distance – plus de 100
mètres – le séparant de la première nécropole mentionnée plus haut, et la structure sociale des défunts,
autrement dit, les tombes appartiennent ici à des guerriers, alors que cette première nécropole est constituée
d’inhumations de membres appartenant à des couches
sociales plus modestes.
En l’occurrence, les sondages alors ouverts le long
du mur occidental de la grande poudrière autrichienne
ont permis de constater deux horizons d’inhumation :
_____________
Bjelajac, Ivaniševiã 1993, 123–139.
Ivaniševiã, Kazanski 2002, 101–157.
3 Dimitrijeviã et alii 1962, 117.
4 Dimitrijeviã et alii 1962, 117–118; Tejral 1988, fig.
34.4–10.
5 Bjelajac, Ivaniševiã 1993, 133, fig. 6.
6 Tatiã-Ðuriã 1958, 161–185.
7 Bjelajac, Ivaniševiã 1993, 123–139.
8 Bikiã, Pop-Laziã 2008.
1
2
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VUJADIN IVANI[EVI], MICHEL KAZANSKI
Fig. 1: Singidunum – le castrum et les nécropoles des Grandes migrations
Sl. 1: Singidunum – kastrum i nekropole Seobe naroda
NOUVELLE NÉCROPOLE DES GRANDES MIGRATIONS DE SINGIDUNUM
115
Fig. 2: Plan des sondages 1 de 2005, 1 et 2 de 2006 et des tombes
Sl. 2: Plan sondi 1 iz 2005. i 1 i 2 iz 2006. i grobova
un premier d’époque médiévale – tombes 1 et 2/2005
– et un second appartenant aux Grandes migrations –
tombe 3/2005 et 1 et 2/2006 (Fig. 1 et 2).
Tombe 3/2005
Dans la moitié nord-est du sondage 1 de 2005, parallèlement au profil sud-est, on a constaté les traces
d’une fosse quadrangulaire – tombe 3/2005 -, orientée
sud-ouest – nord-est, contenant les restes d’un squelette humains : os des mains, plusieurs cotes et vertèbres,
ainsi qu’une partie du bassin. Tous ces ossements étaient éparpillés, ce qui indique que la tombe a été pillée
et que son mobilier a été soit récupéré, soit dispersé
dans la fosse et la couche de terre. Le creusement de
cette tombe, dont le fond se trouvait à la cote 74,40 m,
a partiellement endommagé les vestiges d’un bâtiment
romain. Peuvent être, en toute certitude, rattachés à
cette sépulture un umbo de fer et un fermoir
d’aumônière. Des trouvailles semblables ont été constatées dans la tombe 2/2006.
STARINAR LVII/2007.
Mobilier funéraire (Fig. 3) :
1. Umbo conique en fer à calotte à cannelures verticales
et à marges larges et col court; R. 19 cm et H. 11,5 (C26). Répartition non déterminée.
2. Fermoir d’aumônière en fer à extrémités fortement recourbées ; L. 9,6 cm et l. 2,7 cm (C-28). Répartition non
déterminée.
En 2006, ces travaux se sont poursuivis par l’ouverture de deux nouveaux sondages de part et d’autre,
soit respectivement au sud-est et au sud-ouest, de la
zone fouillée en 2005. On a alors reconnu, dans le profil nord-est du sondage 2, les éléments d’une tombe –
1/2006 -, tandis que le sondage 1 a permis de dégager
une tombe de guerrier – 2/2006 – ayant conservé un
abondant mobilier funéraire (Fig. 2).
Tombe 1/2006
La tombe 1/2006 n’a pu être qu’à moitié fouillée
compte tenu du fait que sa plus grande partie s’enfonce
116
VUJADIN IVANI[EVI], MICHEL KAZANSKI
Fig. 3: Mobilier funéraire provenant de la tombe 3/2005 (1: Échelle 1/3; 2 : Échelle 2/3)
Sl. 3: Prilozi iz groba 3/2005 (1: Razmera 1/3; 2 : Razmera 2/3)
au-delà du profil nord-est. La partie dégagée, contenant un crâne, des vertèbres cervicales et deux os de la
clavicule, a été constatée à la cote 74,38 m et ne renfermait aucun mobilier. Il est permis de penser que
cette tombe appartient à l’horizon des Grandes migrations, compte tenu du fait qu’elle offre la même orientation des deux autres tombes et squelettes enregistrés.
Par ailleurs, sa cote inférieure est la même que celle de
la tombe 3/2005.9
Tombe 2/2006
La tombe 2/2006 a été dégagée dans la partie centrale du sondage 1, le long du profil nord-ouest. Elle
est constituée d’une fosse de forme quadrangulaire
irrégulière, aux angles légèrement arrondis, de dimensions 2,70 x 1,20 m, qui était comblée d’une terre meuble de couleur brun clair avec restes de mortier et
fragments de pierre, de briques et de tuiles. Son creusement a percé le sol en mortier d’un bâtiment romain
avec hypocauste dont le sol inférieur se trouve à la cote 74,04 – 74,12 m, alors que la fosse même atteint la
cote 73,55 – 73,68 m. Du côté ouest, la fosse a été endommagée par l’aménagement d’un foyer. Le défunt a
été inhumé en position allongée, les bras le long du
corps, dans une orientation sud-ouest – nord-est, tête
au sud-ouest avec visage tourné au sud-est. Il se trouvait le long même de la paroi sud-est de la fosse afin
de pouvoir déposer à sa gauche de nombreux objets,
principalement des armes. La trouvaille de clous, deux
dans l’angle est et un au milieu de la fosse, suggère
une inhumation dans un cercueil en bois ou la pose
d’un couvercle de bois sur la fosse dont le fond de la
fosse se trouvait aux cotes (Fig. 4).
Cette tombe nous étant parvenue intact, il a été
possible de répartir les nombreuses trouvailles en provenant en trois groupes : les objets portés par le défunt
lors de l’inhumation (1–16), le dépôt funéraire
(17–46) et les restes d’un cercueil ou d’un couvercle
en bois (47–49). Le premier groupe comprend des éléments de vêtements et de parure, alors que le second
est composé, en premier lieu, d’un équipement de
guerrier, préalablement détruit, déposé à gauche du
défunt. Il s’agit principalement d’un armement personnel: umbo et manipule de bouclier en position dissociée dans la tombe, longue épée brisée en trois, arc
composite et fer de lance, également brisés, alors que
des pointes de flèches et des éléments de carquois
étaient répandus, en partie, à la hauteur du flanc et, en
partie, le long de la jambe gauche du défunt. Ce même
groupe comprend également un gobelet en verre
déposé à côté du manipule du bouclier. Le troisième
groupe se limite aux trois clous provenant vraisemblablement d’un cercueil ou d’un couvercle de bois qui
recouvrait la tombe.
_____________
9 L'existence de couche médiévale autour de cette tombe est
liée à un nivellement du terrain au moyen âge.
NOUVELLE NÉCROPOLE DES GRANDES MIGRATIONS DE SINGIDUNUM
Fig. 4: Répartition du mobilier funéraire dans la tombe
2/2006
Sl. 4: Raspored priloga u grobu 2/2006
Mobilier funéraire (Fig. 5-7) :
1. Fibule en fer à pied attaché et anse en lamelle. L. 8,7
cm et l. 1,5 cm (C-328). Sur la poitrine droite.
2. Ferret languiforme en argent. L. 3 cm et l. 0,5 cm (C339). A côté de l’avant-bras droit.
3–9. Bourse en cuir avec fermoir d’aumônière ?, plaqueboucle, quatre monnaies et deux silex. Sur la hanche
droite.
3–4. Fermoir d’aumônière ? en fer à extrémités
fortement recourbées, muni d’une plaque-boucle en
argent à plaque rectangulaire, anneau circulaire et
ardillon recourbé vers le bas. L. 7,9 cm et l. 1,6 cm
(C-333) ; L. 2,1 cm et l. 1,1 cm (C–332).
STARINAR LVII/2007.
117
5. Denar de Marc-Aurèle. R. 1,7 cm. Avers: AVRELIVSCAE-SARAVGPIIF. Revers: TRPOTIII-COSII, RIC 447, daté de 148–149 (C-338).
6. AE3 de Valens R.1,6 cm. Avers: DNVALENSPFAVG. Revers: GLORIARO-MANORVM. Exergue illisible. RIC -, daté de 364–378 (C-337).
7. AE4 de Honorius ? R. 1 cm. Avers illisible. Revers: SALVSREI-PVBLICAE ?. RIC -, daté de
393–400 ? (C-336).
8. AE4 du IVe siècle. R. 1,2; Avers et revers illisibles.
RIC – (C-335).
9–10. Silex (2). L. 1 cm et l. 0,4 cm (C-) ; L. 3,8 cm
et l. 2,9 cm (C-335).
11. Plaque-boucle en argent à plaque rectangulaire dorée.
Lors de sa découverte on a noté la présence de traces de
cuir sur la boucle L. 6,9 cm et l. 2,9 cm (C-330). Sur la
hanche droite.
12. Fragments de plaque en bronze. L. 3,1 cm et l. 1,3 cm
(C-315). Sous la hanche.
13. Couteau en fer à dos droit et tranchant convexe. Le talon est renforcé par une plaque en argent. L. 20,6 cm et l.
2,8 cm (C-316). Sur la hanche gauche.
14. Boucle ovale en argent. L. 2,1 cm et l. 2,2 cm (C324). Sous la hanche gauche.
15. Boucle circulaire en argent à ardillon recourbé vers le
bas. L. 1,9 cm et l. 1,5 cm (C-323). Sur le pied droit.
16. Boucle circulaire en argent à ardillon recourbé vers le
bas. L. 1,9 cm et l. 1,5 cm (C-322). Sur le pied gauche
17. Barre en fer de section carrée L. 17,7 cm et l. 1,8 cm
(C-). Du côté droit, au niveau du crâne.
18. Languette en fer légèrement recourbée de section
rectangulaire L. 3,9 cm et l. 1,5 cm (C-). Du côté gauche
au niveau du crâne.
19. Gobelet ovoïde en verre verdâtre à bords évasés, fond
plat et décor en pastilles bleues. R. 7,1 cm et H. 6,7 cm
(C-340). Du côté gauche au niveau du crâne.
20–21. Garniture de bouclier en bois
20. Manipule en fer à longue branche portant la poignée élargie au centre. La manipule a été volontairement recourbée et brisée. L. 24,6 cm et l. 4 cm (C325). Du côté gauche au niveau du crâne.
21. Umbo en fer à calotte conique, à marges larges et
à col court. R. 17,2 cm et H. 8,1 cm (C-327). A côté
de l’avant-bras gauche.
22–30. Bouterolle, fourreau, épée et pommeau
22. Bouterolle en fer. L. 13,1 cm et l. 0,7 cm (C-346).
Au niveau du bras gauche.
23. Fragment du fourreau en bronze. L. 4,8 cm et l.
0,5 cm (C-350). Au niveau du genou gauche.
24. Fourreau en argent à chape d’entrée en forme de
bande métallique portant un décor en lignes incisées
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VUJADIN IVANI[EVI], MICHEL KAZANSKI
L. 2,9 cm et l. 0,9 cm (C-331). Au niveau du genou
gauche.
25–27. Épée en fer à longue lame à double tranchant
avec soie en forme de tige. La jonction entre la soie
et la lame est renforcée par une garde. L’épée est
brisée en trois L. 42,4 cm et l. 9,3 cm ; L. 32 cm et l.
5,5 cm ; L. 25,6 cm et l. 4,4 cm (C-321). Au niveau
de la hanche et de la jambe gauche.
28. Pommeau ? en fer de forme ovale. Deux clous de
fer restés en place fixait l’objet à un manche L. 2,9
cm et l. 1,7 cm (C-349). Au niveau du genou gauche.
29. Plaque circulaire en os avec décor constitué d’un
cercle marqué de deux incisions. R. 4,7 cm et H. 0,7
cm (C-317). Au niveau de la hanche gauche.
30. Perle en ambre de forme discoïde. R. 4,6 cm et
H. 1 cm (C-344). Au niveau du genou gauche.
31. Tige en argent de section circulaire et à renflement
circulaire. L. 2,3 cm et l. 0,9 cm (C-347). Au niveau du
genou gauche.
32–33. Pointe de lance en fer à douille et à flamme
élancée losangique ou ovale, brisée en deux. L. 26,7 cm
et l. 4,6 cm (C-313). Au niveau du genou et de la jambe
gauche.
34–35. Arc composite constitué de quatre plaques en os.
L. 33,8 cm et l. 2 cm; L. 31,3 cm et l. 2 cm; L. 16,5 cm
et l. 1,4 cm; L. 12,1 cm et l. 1,6 cm; (C-318). Au niveau
de la jambe gauche.
36–46. Flèches et carquois. Les flèches sont dispersées
du côté gauche du squelette, le long du bras, de la hanche, du genou et surtout au niveau du pied gauche et de
la paroi nord-ouest de la tombe.
36–40. Flèches en fer à trois ailettes avec tige. L. 6,8
cm et l. 1,9 cm (C-345) ; L. 7,5 cm et l. 1,8 cm (C312) ; L. 5,6 cm et l. 1,8 cm (C-310) ; L. 4,8 cm et l.
1,9 cm (C-314) ; L. 4,6 cm et l. 1,5 cm (C-343).
41–42. Flèches en fer à courte pointe de section triangulaire et à tige. L. 5,1 cm et l. 1,4 cm (C-326) ; L.
6,9 cm et l. 1,4 cm (C-341).
43–45. Flèches en fer losangique avec tige. L. 5,6 cm
et l. 2,4 cm (C-319); L. 5,1 cm et l. 2,4 cm (C-311);
L. 5 cm et l. 2,1 cm (C-).
46. Lame de fer recourbée en demi-cercle qui servait
de renfort sur un carquois. L. 8,5 cm et l. 1,1 cm (C342). A côté du pied gauche.
47–49. Clous en fer. L. 6,2 cm et l. 2,8 cm (C-320); L. 2,9
cm et l. 1,9 cm (C-329). Sur le ventre (48) et dans l’angle est de la tombe (47 et 49).
LE MOBILIER DE LA NÉCROPOLE
L’umbo provenant de la tombe 3/2005, appartient
au type Dobrodzien, datée de la période D1 de la chronologie du Barbaricum (360/370–400/410). Ces umbo
sont bien connus dans le contexte barbare du Danube
moyen, ainsi que au Nord des Carpates, dans les pays
baltes et dans la région pontique, leur fabrication dans
un atelier romain est possible.10
Le mobilier de la tombe 2/2006 de Singidunum IV
est typique de l’époque hunnique dans le bassin des
Carpates. Certains objets, avant tout la plaque-boucle
à décor en taille biseautée, nous le verrons, permettent
d’attribuer la tombe à la période D2 tardive, c’est-à-dire aux années 420/430–450.11
Le contenu de la tombe est assez typique pour la
région danubienne. La fibule en fer à pied attaché, l’anse élargie et le ressort »en haut« est caractéristique des
populations germaniques d’Europe centrale de l’époque
romaine tardive et celle des Grandes migrations (Fig.
5.1). Pour cette dernière on peut citer les parallèles attestés en Illyricum, à Belgrade,12 ainsi qu’en pleine
hongroise à Tiszadob-Sziget, tombe 5,13 sur le territoire
de Pannonie romaine, à Szentendre, tombe 90–9114 et
dans les Carpates du Nord, à JaskyÁa Kaplnke-Banská
Bystrica-Sásová.15 D’autre part les mêmes fibules
dans les Carpates du Sud ont été mises au jour à BraÛei-Sibiu, dans un site, attribué par les archéologues
roumains à la population daco-romaine.16
Une plaque-boucle en argent à plaque rectangulaire doré, anneau circulaire et long ardillon recourbé
vers le bas, à extrémité portant un décor zoomorphe
stylisé est également caractéristique de la région danubienne (Fig. 5.11 et 8). Ces plaques-boucles sont diagnostiques, selon J. Tejral de l’époque hunnique sur le
Danube.17 On peut citer des parallèles proches, provenant du contexte funéraire de HódmezövásárhelySóshalom18 et d’Artánd-Kisfarkasdomb, tombe 16.19
_____________
10 Tejral 1988, Abb. 5.1,2; Zieling 1989, 160–162; Kazanski
1994 447, 448.
11 Voir en dernier lieu Tejral 2007, 72–86.
12 Tejral 2007, fig. 21.13.
13 Istvánovits 1993, fig. 5.9.
14 Tejral 1997, fig. 5.20.
15 Madyda Legtko 2006, fig. 6.6.
16 Teodor 1988, 207, 208, fig. 8.3.
17 Tejral 2007, fig. 8.6,11.
18 Tejral 1988, fig. 37.3; Tejral 1997, fig. 24.11 ; Tejral 2007,
fig. 8.6 ; Anke 1998, pl. 5.3.
19 Tejral 1997, fig. 24.8 ; Tejral 2007, fig. 8.6.
NOUVELLE NÉCROPOLE DES GRANDES MIGRATIONS DE SINGIDUNUM
Fig. 5: 1–19 : Mobilier funéraire provenant de la tombe 2/2006 (Échelle 2/3)
Sl. 5: 1–19 : Prilozi iz groba 2/2006 (Razmera 2/3)
STARINAR LVII/2007.
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Fig. 6: 20–31 : Mobilier funéraire provenant de la tombe 2/2006 (22–24 et 28–31 : Échelle 2/3; 20–21 :
Échelle 1/3 ; 25–27: Échelle 1/5)
Sl. 6: 20–31 : Prilozi iz groba 2/2006 (22–24 i 28–31: Razmera 2/3; 20–21: Razmera 1/3;
25–27: Razmera 1/5)
NOUVELLE NÉCROPOLE DES GRANDES MIGRATIONS DE SINGIDUNUM
D’autres objets venant de la tombe ont une diffusion plus importante, qui dépasse largement les limites du bassin danubien et sont typiques du Barbaricum centre et est-européen en général. Ainsi le ferret
languiforme pointu, avec une mortaise, pour fixer la
courroie se diffusent chez différents peuples, nomades et sédentaires, de l’Oural méridionale jusqu’aux
l’îles britanniques (Fig. 5.2).20 Le parallèle le plus
proche représentent des ferrets provenant d’une tombe à Gloucester, où ils voisinaient avec des plaquesboucles originaires d’Europe centrale ou orientale.21
Un ferret de la tombe 11, de la nécropole de Mösz,
très mal conservé, appartient probablement au même
type.22
Une petite plaque-boucle en argent à plaque rectangulaire, anneau circulaire et ardillon recourbé vers
le bas, venant de l’aumônière, est une forme diagnostique des antiquités de l’époque des Grandes Migrations
(Fig. 5.4). Ces plaques-boucles apparaissent durant la
période D1, comme le témoigne le trésor de ValeaStrimba, en Transylvanie23 et sont très nombreuses
durant la période D2 ; Citonns à titre d’exemple les
découvertes bien datées à Mödling,24 KeszthelyZiegelei,25 Br4íza.26 Les boucles circulaires à ardillon
recourbé vers le bas, comme deux pièces, provenant
de la tombe 2/2006 de Singidunum IV, sont tellement
nombreuses pour l’époque des Grandes Migrations en
Europe centrale et orientale, que toute évocation des
parallèles perd son sens.27
Un fermoir d’aumônière (ou un briquet ?) en fer à
extrémités fortement recourbées a des parallèles dans
des tombes du Barbaricum danubien du Ve s (Fig. 3.2
et 5.3). Ce par ex. sont les découvertes à Velatice,
4jov-Drþovice, tombe
tombe 5/3728 et 7/37,29 Proste
2,30 BistreÛ,31 Hobersdorf,32 Vy{kov, tombe 17,33
Velikaja Bakta, tombe 4.34 La présence du silex est
également habituelle dans le contexte funéraire de
cette époque (Fig. 5.9–10), le mobilier des tombes de
Velatice, tombe 4/37,35 Sigmundsberg, tombe 1,36 de
Proste
4jov-Dr`ovice, tombe 437 ou de Schletz, tombe 9
en sont les preuves.38 Un autre fermoir, celui de la
tombe 3/2005, apparitent au même type.
Un gobelet ovoïde en verre verdâtre, à bords
évasés, le fond plat, portant un décor en pastilles
bleues, sans aucune doute d’origine romaine, est bien
connu pour l’époque hunnique aussi bien dans la
région danubienne que celle pontique (Fig. 5.19 et
9).39 Pour le Danube citons les récipients provenant
de la tombe de Regöly,40 de la sépulture 19 de la
nécropole de Csákvár,41 de la nécropole de Mautern4any.43
Ost42 ou de l’habitat de Brno-Obr
STARINAR LVII/2007.
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Un couteau en fer à dos droit et tranchant convexe, à talon renforcé par une plaque en argent fait partie du mobilier (Fig. 5.13 et 10). La taille importante
de ce couteau laisser supposer qu’il faisait partie
d’équipement militaire. Un couteau de grande taille ou
un scramasaxe sont attestés dans plusieurs tombes à
épée dans la région danubienne de l’époque hunnique:
Szirmabesényö,44 Wien-Leopoldau, tombe 3,45
Hajdúszoboszló-Bajcsy-Zsilinszky 60,46 Tarnamera,
Tiszavalk, tombe 6.48
Les longues épées à garde en fer apparaissent en
Europe sous l’influence venant de la steppe de l’Europe orientale à l’époque des Grandes Migrations et se
diffusent largement en Europe (Fig. 6.25–27).49 Dans
la région danubienne ces épées se diffusent à l’époque
hunnique.50 On peut citer les découvertes à
_____________
Kazanski, Akhmedov 2007, 255, fig. 6.1–4.
Kazanski, Akhmedov 2007, fig. 6.4.
22 Tejral 2003, pl. 12.14.
23 Tejral 1997, fig. 10.7.
24 Tejral 1988, fig. 16.6.
25 Tejral 1988, fig. 23.1–3.
26 Tejral 1997, fig. 17.11.
27 Voir des nombreux exemples : Anke 1998 ; Shchukin et
alii 2006 ; Tejral 1988, 1997, 2003, 2007.
28 Tejral 1982, fig. 55.4 ; Tejral 2003, pl. 4.19.
29 Tejral 1982, fig. 103.4,5.
30 Tejral 2003, pl. 5.13.
31 Tejral 2003, pl. 8.16.
32 Tejral 2003, pl. 11.8.
33 Tejral 2003, pl. 12.4.
34 Tejral 2003, pl. 13.16.
35 Tejral 2003, pl. 4.15.
36 Tejral 2003, pl. 4.5.
37 Tejral 2003, pl. 5.4.
38 Tejral 2003, pl. 13.23.
39 Shchukin et alii 2006, fig. 171.2–4, fig. 173.23, fig.
180.16 etc.
40 Tejral 1988, fig. 29.4.
41 Salamon, Barkóczi 1971, pl. 29.7.
42 Pollak 1993, pl. 40.5,6.
43 Tejral 1982, fig. 17.5.
44 Tejral 1999, fig. 27.1 ; Tejral 2003, pl. 2.2 ; Tejral 2007,
fig. 12.7.
45 Tejral 1999, fig. 31; Tejral 2003, pl. 2.11 ; Tejral 2007, fig.
25.10.
46 Istvánovits, Nepper, 2005, pl. 16.1.
47 Bona, Nagy 2002, pl. 57.5.
48 Garam, Vaday 1990, fig. 12.5.
49 Menghin 1994–1995, 165–175; Kazanski 1996, fig. 8;
Anke 1998, 73–85, 205, carte 6.
50 Tejral 2003, 503, 504.
20
21
122
VUJADIN IVANI[EVI], MICHEL KAZANSKI
Lengyöltóti,51 Szirmabesényö,52 Wien-Leopoldau,53
Horgos,54 Artánd,55 Tarnamera,56 Katzelsdorf.57 En
même temps ces épées à l’époque hunnique sont bien
connues en Europe orientale.58
Les deux grandes perles discoïdes en os et en ambre, pouvaient servir soit des dragonnes, soit des pommeaux de l’épée (Fig. 6.29–30).59 D’autre part il n’est
pas exclu qu’il s’agit d’un élément de fixation de
l’épée sur la courroie de porte-épée ou de baudrier.60
Les perles comparables ont été mises au jour dans
d’autres tombes danubiennes de l’époque des Grandes
Migrations, à Lengyöltóti,61 Szirmabesényö62 Valea
lui Mihai,63 Wien-Leopoldau, tombe 3.64 L’épée
possédait des fourreaux, dont les éléments, et notamment bouterolle (Fig. 6.22–24), rappellent ceux de
Lébény65 et de Tarnamera.66 En dehors de la région
danubienne les fourreaux pareilles sont attestés
notamment à Altlussheim,67 Djurso,68 [apka-Verin
Holm.69
L’umbo de la tombe 2/2006 rappelle ceux du type
Zieling H1/Misery (Fig. 6.21).70 Ces umbo sont assez
largement répandus en Europe à l’époque romaine
tardive. Pour l’époque des Grandes Migrations sont
attestés notamment dans le bassin des Carpates, à
Mezömere, Kismari-Fenék,71 tombe 42, en Abkhazie72 ou en Gaule.73 Cependant pour la région des
Carpates sont plus habituels les umbo à haute calotte
types Dobordzień (comme dans la tombe 3/2005) et
Malae{ti/Zieling I3.74 D’ailleurs l’umbo de Singidunum rappelle certains exemplaires du type Zieling
I3/Malae{ty,75 surtout ceux attestés dans la région
pontique.76 Les formes tardives des umbo à calotte
carénée basse existent dans la région danubienne à
l’époque post-hunnique (Fig. 3.1).77
Le manipule à longues branches est très mal conservée et sa forme exacte est difficile à reconstituer
(Fig. 6.20). En général les manipules à longues branches sont typiques du monde germanique, y compris
la zone danubienne à l’époque post-hunnique.78 Cependant les manipules à longues branches sont déjà attestés vers le début du Ve s.79
La lance en fer à douille relativement longue et à
flamme élancée losangique ou ovale représente une
forme assez habituelle pour le Danube de l’époque des
Grandes Migrations (Fig. 7.32–33). On peut citer les
armes provenant des nécropoles de la Hongrie orientale, telles que Csongrád-Berzenyi, tombes 3 et 4,80
Csongrád-Kazerne, tombes 133 et 137,81 CsongrádKenderfëldek, tombes 13, 48, 60, 70, 74, 114,82
Mezömere, Kismari-Fenék, tombes 29 et 42,83 Lauriacum-Ziegefeld, hors contexte,84 Tépé-Malajdok A,
tombe 21.85 Les lances comparables sont également
attestées au Nord des Carpates, dans la zone de la civilisation Przeworsk finale.86
Un arc composite avec un carquois contenant des
flèches »steppiques« à trois ailettes représente une
particularité de l’équipement militaire de la tombe
2/2006 (Fig. 7.34–46).87 A l’époque hunnique ce type
d’armes est assez fréquent chez les nomades de la
steppe88 mais rare chez les populations sédentaires.
_____________
Tejral 1988, fig. 22.19.
Tejral 1988, fig. 25.1 ; Tejral 2003, pl. 2.1.
53 Tejral 1988, fig. 42.9,10 ; Tejral 2003, pl. 2.12, 3.11, 6.3,
Tejral 2007, fig. 12.3,5, 24.1, 25.11 ; Anke 1998, pl. 50 et 51.
54 Tejral 2006, fig. 6, 9.
55 Tejral 2003, pl. 6.6 ; Tejral 2007, fig. 15.3.
56 Tejral 2007, fig. 23.1.
57 Friesinger 1984, fig. 14.1.
58 Anke 1998, pl. 40, 59; Kazanski 1999, fig. 2.5, 8.12, 10.9,
11.2,4; Shchukin et alii 2006, fig. 174.6,10, 184.3,6,7.
59 Kazanski 1991, 134; Anke 1998, 99–114, pl. 74 ; Bezuglov 2000, fig. 5.17–22.
60 Bezuglov 2000, 178, fig. 7.7–17.
61 Tejral 1988, fig. 22.6.
62 Anke 1998, pl. 91 ; Tejral 2003, pl. 2.5.
63 Anke 1998, pl. 102.4 ; Tejral 2003, pl. 7.6.
64 Tejral 1999, fig. 46.4; Tejral 2007, fig. 12.4
65 Tejral 1988, fig. 21.8 ; Anke 1998, pl. 98.2.
66 Tejral 2007, fig. 23.1.
67 Kazanski 2001, fig. 4.2,5.
68 Kazanski 2001, fig. 5.44.
69 Kazanski 2001, fig. 6.8.
70 Zieling 1989, 97–101 ; Kazanski 1994, 441–443.
71 Vaday, Domboróczki 2001, fig. 39.2.
72 Kazanski 1994, fig. 22.56.
73 Böhme 1974, pl. 128.6.
74 Istvánovits, Kulcsár 1992.
75 Zieling 1989, 116–118.
76 Kazanski 1994, 443–445, notamment fig. 3.6–8.
77 Ivaniševiã et alii 2006, 42, 43.
78 Á leur propos voir Ivaniševiã et alii 2006, 43.
79 Par ex. en Gaule, Vermand III, tombe B : Böhme 1974, pl.
137.11.
80 Parducz 1963, pl. 3.11 ; Istvánovits, Kulcsár 1992, fig. 2.2.
81 Parducz 1963, 11.3,4.
82 Parducz 1959, fig. 6.88,89, 19.2–4, pl. 1.5.
83 Vaday, Domboróczki 2001, fig. 10.2, 39.1.
84 Kloiber 1957, pl. 54.3.
85 Parducz, Korek 1946–1948, pl. 61.2.
86 Anke 1998, pl. 72.8–10.
87 Á leur propos voir : Kazanski 1991, 135, 136; Anke 1998,
55–65, 205, carte 5 ; Tejral 2003, 506.
88 Par ex. Shchukin et alii 2006, 124, fig. 103.
51
52
NOUVELLE NÉCROPOLE DES GRANDES MIGRATIONS DE SINGIDUNUM
Fig. 7: 32–48 : Mobilier funéraire provenant de la tombe 2/2006 (36–48 : Échelle 2/3; 32–35 : Échelle 1/3)
Sl. 7: 32–48 : Prilozi iz groba 2/2006 (36–48 : Razmera 2/3; 32–35 : Razmera 1/3)
STARINAR LVII/2007.
123
124
VUJADIN IVANI[EVI], MICHEL KAZANSKI
On peut citer les découvertes des arcs composites à
Kertch, tombe 154.1904,89 Staroþilovo I, en Crimée
orientale, tombeau 4/4,90 ainsi que la tombe 2 de Vranja.91 Citons également la tombe danubienne de
Hajdúszoboszló-Bajcsy-Zsilinszky 60, dont la panoplie est très proche de celle de 2/2006 de Singidunum
IV et qui contenait des flèches.92 Toutes ces tombes
sont datées à peu près de la même époque que la tombe de Singidunum IV. La tombe de Wien- Zimmering,
contenant un arc composite et datée de la période
D2/D393 à notre avis peut appartenir à un guerrier, ressortissant aussi bien des barbares germaniques sédentaires, que des peuples steppiques. Il faut également
évoquer la découverte des appliques d’un arc composite dans la forteresse d’Intercisa, occupée par les
fédérés barbares.94
A l’époque post-hunnique le dépôt d’arc et/ou des
flèches chez les Germains devient le signe de haute
position sociale. Ainsi les arcs composites, accompagnées des flèches, ont été mis au jour dans des tombes princières de la deuxième moitié du Ve s., avec des
épées d’apparat à tôle d’or, à Bluåina, en Moravie95 et
à Esslingen-Rüdern, en Allemagne du Sud-Ouest.96 A
l’époque mérovingienne ancienne (470/480–520/530)
l’équipement d’archer est attesté chez les Francs et
Alamans dans des tombes de chefs à Samson, tombe
12, Hermes, tombe 2581, Charleville-Mézières, tombe
68, Flonheim, tombes 1 et 9 ; Alamans : Hemmingen,
tombes 2, 21.97
Les flèches losangiques en fer à trois ailettes, à tige (Fig. 7.36–40), typiques de l’époque hunnique98
sont attestées dans le contexte danubien de l’époque
hunnique à Wien-Zimmering,99 Keszthely-Gátni
Domb,100 Oradea,101 Banska Bystrica,102 CsongrádKenderföldek, tombe 4103 et Hajdúszoboszló-BajcsyZsilinszky 60.104 Pour l’époque post-hunnique les
flèches à trois ailettes sont attestées par deux formes,
plus élancées, comme à Hobersdorf,105 ou plus trapues, comme à Blu~ina.106
Les flèches »nomades « à trois ailettes, semblables à celles losangiques, mais élargies près de la tige,
sont également présentes dans la tombe 2/2006 de Singidunum IV. Ces flèches ont également des parallèles
dans le matériel danubien de l ‘époque hunnique, à
Wien-Zimmering,107 Oradea,108 Pécs-Üszög,109
Hajdúszoboszló-Bajcsy-Zsilinszky110 60 et Velatice,
tombe 4/37.111
Les flèches en fer losangiques à tige (Fig. 7.43–45),
ont été mises au jour dans la région danubienne à
Hajdúszoboszló-Bajcsy-Zsilinszky 60,112 Graftenwörth,
tombe 13113 et Blu~ina.114 D’autre part on les connaît
dans le contexte steppique, notamment pour l’époque
post-hunnique, dite horizon de [ipovo.115
Enfin, les flèches en fer à courte pointe de section
triangulaire et à tige (Fig. 7.41–42) ont des parallèles
dans d’autres tombes danubiennes de l’époque
hunnique, à Oradea116 et à Hajdúszoboszló-BajcsyZsilinszky 60,117 dans le dernier cas elles sont cependant plus élancées.
En général, la panoplie présentée dans la tombe
2/2006 de Singidunum IV – épée, lance, bouclier – est
typique des Germains danubiens, déjà à l’époque
antérieure, durant la période D1, surtout en Hongrie
orientale et, pour l’époque romaine tardive et celle des
Grandes Migrations, au Nord des Carpates, sur les sites dans la phase finale de Przeworsk.118 La présence
d’un arc et des flèches dans certaines sépultures, comme celle de Singidunum IV ou de Hajdúszoboszló-
_____________
Shchukin et alii 2006, 183, fig. 163.11.
Maslennikov 1997, fig. 11.1–3.
91 Tejral 2003, pl. 10.8 ; Tejral 2007, fig. 14.6–10.
92 Istvánovits, Nepper 2005.
93 Tejral 1988, fig. 18.11–13,15,16; Anke 1998, pl. 66.14.
94 Tejral 1988, fig. 12.1.
95 Tihelka 1963, 488, 489; Tejral 1982, fig. 56 ; Tejral 2003,
pl. 11.11,23.
96 Christlein 1972, 261–262.
97 Martin 1993, fig. 1 et 2.
98 Shchukin et alii 2006, fig. 103.1–6,9–17 etc.
99 Tejral 1988, fig. 18.2–5 ; Anke 1998, pl. 66.7–11.
100 Tejral 1988, fig. 23.10.
101 Tejral 1988, fig. 26.5 ; Tejral 2003, pl. 10.10,11 et Tejral
2007, fig. 13.7 ; Anke 1998, pl. 38.6.
102 Pieta 1999, fig. 8.6,7.
103 Parducz 1959, fig; 6.93.
104 Istvánovits, Nepper 2005, pl. 17.11,13–15.
105 Tejral 2003, pl. 11.1–3 ; Tejral 2005, fig. 4.C.1–3,17–18.
106 Tejral 2003, pl. 11.16,18,20.
107 Tejral 1988, fig.. 18.7,9.
108 Tejral 1988, fig. 26.4 ; Tejral 2003, pl. 10.9 ; Tejral 2007,
fig. 13.6; Anke 1998, pl. 38.4.
109 Anke 1998, pl. 118.17,18.
110 Istvánovits, Nepper 2005, pl. 17.12.
111 Tejral 1982, fig. 55.6 ; Tejral 2003, pl. 4.14.
112 Istvánovits, Nepper 2005, pl. 17.3.
113 Friesinger 1993–1994, pl. 3.3.
114 Tejral 2003, pl. 11.13,14.
115 Shchukin et alii 2006, fig. 117.21.
116 Anke 1998, pl. 38.5 ; Tejral 2007, fig. 13.5.
117 Istvánovits, Nepper 2005, pl. 17.9.
118 Par ex. Tejral 1999, 242–248, fig. 23 ; Takenberg 1925, 20,
66, pl. 6, 30, 31 ; Kempisty 1968, pl. 7, 18, 23, 33, 32.
89
90
NOUVELLE NÉCROPOLE DES GRANDES MIGRATIONS DE SINGIDUNUM
125
Fig. 8 : Tombe 2/2006 – Plaque-boucle en argent doré
Sl. 8 : Grob 2/2006 – Plo~asta srebrna kop~a sa pozlatom
Bajcsy-Zsilinszky 60, s’explique sans doute par
l’influence orientale, venant des nomades de la steppe
ou des populations sédentaires pontiques.
On peut conclure, d’après le caractère d’équipement et la présence d’une fibule caractéristique, que le
défunt appartenait au milieu germanique de la partie
orientale du bassin de Carpates ou de la zone de la civilisation de Przeworsk au Nord des Carpates. En effet, la présence d’armes cassées est typique des tombes guerrières de cette civilisation.
Plus à l’Ouest, au delà de la Sava, en Pannonie
l’époque »hunnique« est marquée par plusieurs découvertes significatifs. C’est la tombe de chef militaire à
Neštin, ayant livré une longue épée et plaque-boucle à
décor cloisonné, typique de la période D2,119 ainsi que
deux tombes de Vranja, dont une, féminine, contenait
des parures typiques de la période D2/D3 et l’autre
masculine, qui contenait un arc renforcé des plaques
en os.120 Citons enfin une fibule sans doute apparentée
au type Smolin, de la période D2/D3 provenant de Rakovac.121 Avec les découvertes de ces tombes de
l’époque hunnique, la sépulture 2/2006 de Singidunum IV confirme l’idée de J. Tejral sur l’existence
d’un groupe territorial, une sorte de royaume barbare
STARINAR LVII/2007.
au sud du Danube, sur la frontière d’Illyricum romain,
à l’époque hunnique.122
CONCLUSION
Les tombes découvertes dans le faubourg ouest de
la forteresse de Belgrade appartiennent à une nouvelle
nécropole des Grandes migrations, soit la quatrième
enregistrée à Singidunum. Bien que se limitant à trois
sépultures fouillées, ce petit groupe a pu être clairement resitué par rapport aux découvertes semblables
enregistrées dans la Ville Basse. Il se trouve à 100 m
au sud-ouest d’une nécropole, précédemment fouillée,
datant de la même époque, et constitue très vraisemblablement, tout comme celle-ci, un ensemble de petite taille correspondant à une petite communauté. On y
_____________
119 Vinski
1957, pl. 19.75 et pl. 23.88.
1980–1981 ; Tejral 2003, pl. 10.7,8.
121 Vinski 1957, pl. 20.73.
122 Tejral 2003, pl. 1.
120 Dautova-Ruševljan
126
VUJADIN IVANI[EVI], MICHEL KAZANSKI
relève par contre une orientation des défunts sud-ouest
– nord-est, différente en cela de la situation constatée
dans la nécropole voisine, où l’on compte 7 inhumations orientées sud-est – nord-ouest, 4 orientées nordouest – sud-est, 4 orientées nord-est – sud-ouest et une
seule orientée sud-ouest – nord-est. Finalement, l’élément ayant tout particulièrement incité à reconnaître
dans ces tombes un ensemble funéraire distinct tient
au fait qu’elles renfermaient des dépouilles de guerriers,
contrairement à la nécropole voisine qui a accueilli des
défunts de statut social inférieur, pour l’essentiel des
hommes ordinaires, comme l’atteste l’inventaire des
trouvailles comprenant des fibules de bronze et de fer,
des plaques-boucles de fer, un couteau en fer, un
anneau de bronze, un collier de perles et un petit
pendentif d’argent en forme de croissant de lune avec
insertions de verre.123 Par contre, une fibule ansée en
tôle de bronze trouvée en 1963, au sud des sondages
ouverts en 2005 et 2006, appartiendrait plutôt à
l’horizon de la nécropole IV.124 Cette parure à tête
triangulaire caractéristique, pied losangé de forme
allongée est connue sous le nom de type »Braţei« et
peut être datée de la première moitié du Ve siècle ou
du milieu de ce même siècle.125
La particularité de cette nouvelle nécropole tient
à la présence de tombes de guerriers lesquelles restent
rares sur le territoire de Mésie Première dans la première moitié du Ve siècle et vers le milieu de ce
même siècle, soit à l’époque où est située la formation de cette nécropole. En l’occurrence, une des rares
tombes de guerrier de cette période a été enregistrée à
Viminacium où la tombe n° 1607 de la partie sud de la
nécropole 2 – Vi{e Grobalja a livré un umbo de type
Liebenau daté entre la fin du IVe et la fin du second
tiers du Ve siècle, ainsi qu’une pointe de lance. Les
auteurs de la présente publication ont proposé de la
dater de la phase D1 ou D2 en la mettant en relation
avec la possible présence d’une garnison de mercenaires »barbares« à Viminacium dans la première moitié
du Ve siècle, avant la prise de la ville par les Huns.126
Toujours à Viminacium, on peut également rattacher à
cet horizon d’inhumation la tombe 134.127 Pour ce
qui est de Singidunum, les premières tombes datant
des Grandes migrations sont les sépultures 19a, 28,
59, 78 et, peut-être, 42 et 99 de la nécropole III, qui,
sur la base d’analogies, ont livré des objets datables
de la phase D1 – D2.128
Plus largement, les traces d’installation de barbares
peuvent être suivies sur le territoire nord de l’Illyricum tout le long du limes danubien, depuis Singidunum, en passant par Viminacium et de nombreuses
forteresses jalonnant le défilé du Djerdap (Porte de
Fer), jusqu’à Aquae. Ces trouvailles qui, dans la plupart des cas, consistent en des fragments de céramique, auxquels s’ajoutent des peignes en os, des fibules,
des plaques-boucles et d’autres objets, sont un excellent indicateur de l’apparition d’une nouvelle culture
matérielle pouvant principalement être rattachée à des
Germains fédérés s’étant vu confier la défense des
frontières de l’Empire.129
C’est dans à ce même contexte qu’a été rattachée
une tombe des Grandes migrations, trouvée sur le limes danubien, dans la province voisine de Dacie Ripuaire. Il est question de la sépulture 18 de la nécropole
de Vajuga, qui s’est formée à proximité d’une forteresse de la basse antiquité. Entre autres objets, cette tombe a livré une paire de fibules qui, d’après V. Popoviã,
trouvent des parallèles proches dans une tombe de
femme à Untersiebenbrunn. La position des fibules sur
la défunte de Vajuga – posées sur les épaules, tête vers
le bas – suggère, d’après ce même auteur, qu’il s’agit
d’une représentante de la population gothe, fille d’un
fédéré.130 C’est à cette même période, mais à un contexte différent, que peut être rattachée une tombe du
site voisin de Pontes, ayant livré un ceinturon formé de
deux plaques en bronze à décor en taille biseautée.
Des trouvailles semblables proviennent également des
forteresses de Smorna (Boljetin) et de Campsa (Ravna). De tels ceinturons appartiennent à la culture
romano-germaine qui s’est développée dans le nord de
la Gaule et qui s’est propagée sur le limes danubien,
jusqu’au cours inférieur du Danube. Pour nous, la
tombe de Pontes s’avère ici toute particulièrement
intéressante compte tenu du fait qu’elle renfermait un
gobelet en verre avec décor en pastilles bleues, identique
à notre exemplaire, si ce n’est qu’elle y était déposée
sous les jambes.131
Les éléments de la nouvelle culture matérielle et
spirituelle ont été diffusés sur l’espace correspondant
_____________
123 Bjelajac,
Ivaniševiã 1993, 134–136, fig. 8.
Ivaniševiã 1993, 130, fig. 2.11.
125 Bierbrauer 1989, 141–160, Abb.1/1–8, 12 et Abb.4.
126 Ivaniševiã et alii 2006, 119.
127 Ivaniševiã et alii 2006, 100–101 et 119
128 Ivaniševiã, Kazanski 2002, 124; Ivaniševiã et alii 2006,
100–101 et 119.
129 Bjelajac, Ivaniševiã 1993, 123–133; Ivaniševiã 1999,
95–103.
130 Popoviã 1987, 129–131.
131 Popoviã 1987, 133–137.
124 Bjelajac,
NOUVELLE NÉCROPOLE DES GRANDES MIGRATIONS DE SINGIDUNUM
Fig. 9 : Tombe 2/2006 – Gobelet en verre
Sl. 9 : Grob 2/2006 – Staklena ~a{a
au nord de l’Illyricum en premier lieu par les militaires
et leurs familles. Des barbares ont alors été implantés
sur le territoire de l’Empire avec le statut de fédérés
ayant pour mission de défendre ses frontières contre la
menace constante d’incursions de la part d’autres barbares. Ce renforcement de la défense de l’Empire peut
être mis en relation avec les efforts de Théodose II qui
ont tout particulièrement porté sur la protection des
provinces balkaniques, notamment entre 410 et 425,
lorsque l’on enregistre une importante activité de
restauration du limes. A titre d’exemple, un édit de cet
empereur adressé au préfet de l’Illyricum, Herculius,
stipule que toute personne, quel que soit son rang, doit
participer à la construction des remparts.132 Le nouveau
danger venait alors des Huns qui, en s’avançant au
début du Ve siècle sur le territoire de l’actuelle Moldavie et Munténie, se trouvaient aux portes mêmes des limes Scythicus et Mysiacus. Malgré les efforts entrepris,
déjà en 408, un groupe de Huns, sous la conduite
d’Uldis, réussit à pénétrer en Thrace et à occuper
provisoirement Castra Martis en Dacie ripuaire.133
Il est certain que la frontière danubienne des
provinces de Mésie première, Dacie ripuaire, Mésie
STARINAR LVII/2007.
127
seconde et Scythie constituait alors, pour l’Empire,
une ligne de défense de première importance contre
les barbares et leurs incursions plus à l’intérieur de ces
provinces et de l’Empire. Ceci est notamment attesté
par le fait que le tiers des 104 garnisons énumérées
dans la Notitia Dignitatum est réparti le long de cette
partie du limes. Dans ce même document, Singidinum
est mentionné en tant que siège du préfet de la IV
legio flavius : praefectus legionis quartae Flaviae,
Singidunum.134
Les Huns ont poursuivi leur avance sur le Sud de
l’Europe, pour devenir très rapidement les maîtres de
la grande plaine de Hongrie où ils se sont imposés à
d’autres peuples qui vivaient sur cet espace. Conduits
par Attila, ils sont rapidement entrés en conflit avec
l’Empire. En 441, prenant prétexte du non respect de
l’accord conclu en 434 et de l’attitude de l’évêque
Margum, celui-ci s’avançait sur les frontières septentrionales de l’Empire et enlevait de nombreuses villes
et places fortifiées dont les plus importantes étaient
Singidunum, Margum, Viminacium, Naissus. L’ampleur
de la crise ressort tout particulièrement à la lecture de
Priscus qui note que Attila a obtenu en 447 la signature
d’un nouvel accord prévoyant le retrait des populations
romaines installées entre Singidunum et Naissus, sur
une distance de 5 jours de marches. Il ne faut pas
exclure la possibilité que l’avance des Huns à forcer
une partie des barbares eux-mêmes a trouvé refuge sur
le territoire de l’Empire. Ceci serait notamment
confirmé par une des clauses de l’accord de 434 conclu
entre les Romains et les Huns d’après laquelle l’Etat
romain s’engageait à remettre aux Huns tous les
transfuges barbares.
Le grand nombre de tombes datant de cette période
enregistré à Singidunum, Viminacium, et sur d’autres
sites jalonnant le limes danubien atteste clairement un
afflux de nouvelles populations sur le territoire de
Mésie Première, et en premier lieu aux abords des
villes frontalières de cette province. Ces modifications
démographiques sont directement liées à la chute de
Singidunum, Viminacium et d’autres villes aux mains
des Huns et de leur alliés germains et sarmates en 441.
En ce sens, la formation d’un grand nombre de petites
ou grandes nécropoles dans le cadre d’une même
ville peut être rattachée à l’installation de divers
groupes ethniques.
_____________
132 Cod.
Theod. 11.17, 4.
133 Zosimus, V.30.
134 Notitia
Dignitatum, or., XLI.30.
128
VUJADIN IVANI[EVI], MICHEL KAZANSKI
Fig. 10 : Tombe 2/2006 – Couteau en fer
Sl. 10 : Grob 2/2006 – Gvozdeni no`
Sur la base du mobilier funéraire, la quatrième
nécropole datant des Grandes migrations mise au jour
à Singidunum a été datée de la première moitié du Ve
s. La tombe 3/2005 est de la fin du IVe-début du Ve
s., tandis que celle 2/2006 est des années trente et
quarante du Ve siècle, soit vers la fin de la phase D2début de la phase D2/D3, autrement dit des années
420/30 à 450.
Cet horizon, et plus précisément la phase D2/D3,
est clairement représenté dans toutes les nécropoles
des Grandes migrations à Singidunum, ainsi que dans
les environs de la ville. En l’occurrence, il apparaît
dans la nécropole I de la Ville Basse avec les tombes
caractéristiques 7 et 14,135 dans la nécropole II du Castrum (tombes 14 et 15)136 et dans la Nécropole III
avec les sépultures du groupe 2 (tombes 12–13, 18, 58,
63, 75, 79, 84–85, 88, 99 ?, 103 et 105).137 Parmi ces
dernières la tombe 103 est tout particulièrement
intéressante pour nous avec son inhumation d’un
guerrier comme l’atteste la présence d’un umbo de
type Vernand ou Liebenau. Ayant été entièrement pillée,
elle n’a toutefois livré, outre cette trouvaille, que deux
perles de bronze.138 A ce même horizon appartient
aussi le matériel funéraire exhumé à Belgrade en 1911
sur un site inconnu (Fig. 11),139 ainsi que la tombe
isolée de Karaburma.140 Notons aussi que cet horizon
d’inhumation est clairement attesté dans les Nécropoles
de Viminacium – nécropole 1 (Burdelj) et le secteur sud
de la nécropole 2 (Vi{e Grobalja).141 Nous pourrions ici
aussi mentionner les nombreux objets découverts
avant tout le long de la frontière avec notamment des
trouvailles de fibules, comme la grande fibule en tôle
d’argent trouvée à Ad sextum miliarem? (Grocka).142
C’est à cette période qui appartient aussi la tombe
féminine de Taurunum (Zemun) qui renfermait deux
fibules ansées en argent, une plaque boucle en argent
et deux perles en tôle d’or.143
Après l’effondrement du limes danubien en 441,
qui a ouvert la porte à la pénétration des barbares sur
le territoire de l’Empire, le second événement ayant
largement favorisé ce processus a été la défaite des
Huns sur le Nédao en 455. Marquant la fin de leur
domination et laissant un vaste espace libre, ce revers
aboutit à l’installation de tribus germaines dans la partie
nord de l’Illyricum, en particulier dans les provinces de
Pannonie Seconde et de Mésie Première. Les textes
notent ainsi l’apparition, à proximité de Singidinum,
des Ostrogoths avec lesquels l’empereur Marcien
conclut un fœdus leur permettant de s’installer en
Pannonie. D’après des données confuses de Jordanès,
leur prince Théodoric, agissant à l’insu de son père
Tiudimer, s’empare même vers 471 de la ville alors
tenue par des »Sarmates« ; cet auteur précisant qu’elle
ne fut pas restituée à l’Empire, mais resta aux mains
des Ostrogoths. Cette même année, Naissus tombe, elle
aussi, presque sans résistance.144 Finalement, toujours
sous la conduite de Théodoric, les Goths abandonnent
ce territoire vers 488 pour passer en Italie. Il est possible
que les Romains aient alors de nouveau étendu leur
autorité jusqu’à la frontière danubienne et aux régions
septentrionales de la province de Mésie Première.
Cette situation semble confirmée par l’accord conclu
entre Byzance et les Ostrogoths en 510. L’Empire se
voyait reconnaître le territoire allant jusqu’à l’angle
oriental de la Pannonie Seconde avec la ville de Bassiana, alors que les Ostrogoths conservaient la plus
grande partie de cette même province avec Sirmium.
_____________
135 Bjelajac,
Ivaniševiã 1993, 134–136, fig. 8.11–14.
Ivaniševiã 1993, 136–137, fig. 10.1–3, 5–11.
137 Ivaniševiã, Kazanski 2002, 124 ; Ivaniševiã et alii 2006,
101–102.
138 Ivaniševiã, Kazanski 2002, 123–124, 139, Pl. VIII.
139 Dimitrijeviã et alii 1962, 117–118 ; Tejral 1988, fig.
34.4–10.
140 Bielajac, Ivaniševiã 1993, 133, fig. 6.
141 Ivaniševiã et alii 2006, 119–121 et 125.
142 Dimitrijeviã et alii 1962, 120, Pl. II.3
143 Dimitrijeviã et alii 1962, 103, Pl. IV/1.
144 Jordanes, Get., 285.
136 Bjelajac,
NOUVELLE NÉCROPOLE DES GRANDES MIGRATIONS DE SINGIDUNUM
129
Fig. 11 : 1–7: Mobilier funéraire provenant de la tombe découverte vers 1911 à Belgrade
(Échelle 3/4) (Tejral 1988, fig. 34)
Sl. 11: 1–7 : Prilozi iz groba otkrivenog oko 1911. godine u Beogradu
(Razmera 3/4) (Tejral 1988, sl. 34)
Les barbares commencent à s’installer sur le territoire de Mésie Première et dans les villes jalonnant la
frontière danubienne vers la fin du IVe et dans les premières décennies du Ve siècle. Les vestiges de culture
matérielle illustrent clairement ce nouveau processus
qui allait s’accélérer après la chute du limes en 441.
L’abandon de la partie nord de l’Illyricum, où disparaît
l’administration romaine et dont se retire l’armée, a
largement ouvert les portes à l’installation des barbares
qui prennent et peuplent les villes, autrefois opulentes,
de l’Empire, en premier lieu Singidunum, Margum et
Viminacium. La formation de nombreuses nécropoles
durant cette période révèle clairement l’installation
dans ces villes de divers petits groupes ethniques qui
pratiquent des inhumations en des lieux distincts.
C’est dans ce contexte que se range la tombe privilégiée
de guerrier 2/2006 de la quatrième nécropole de Singidunum avec mobilier funéraire comprenant des éléments d’équipement militaire. Pour cette période, de
telles sépultures sont tout particulièrement attestées
dans la région de la Tisza, à savoir dans les parties
orientales de la plaine hongroise et au nord de la région
du cours moyen du Danube. Il est question d’une
nouvelle classe de guerriers qui s’est formée dans le
STARINAR LVII/2007.
cadre des communautés germaines à l’époque de la
domination hunnique.146 Ils se caractérisent par un
armement d’origine orientale, telle que l’épée de type
»asiatique« avec garde en fer, les flèches »nomades«
à trois ailettes, etc.147 Nous retrouvons ces mêmes
caractéristiques parmi notre matériel et le guerrier de la
tombe 2/2006 apparaît comme un parfait représentant de
cette nouvelle noblesse barbare. Grâce à la trouvaille,
dans cette même tombe, d’une plaque-boucle en argent
doré présentant des analogies avec des trouvailles
identiques et semblable provenant de Hódmezovásárhelz-Sóshalom et Ártánd-Kisfarkasdomb, tombe 16,148
nous pouvons supposer que notre guerrier, c’est-à-dire
le groupe auquel il appartenait, est arrivé depuis la
contrée de la Tisza, c’est-à-dire des régions orientales
de la plaine hongroise précisément à une époque ayant
vue de vastes mouvements parmi les tribus barbares.
_____________
145 Popoviã
1987, 95–139; Ivaniševiã 1999, 95–103.
et alii 2006, 204–206.
147 Kazanski 1999, 308.
148 Nagy 2005, 80–90, Fig. 3.6 et 7, Pl. 19.4, 70.6.
146 Shchukin
130
VUJADIN IVANI[EVI], MICHEL KAZANSKI
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NOUVELLE NÉCROPOLE DES GRANDES MIGRATIONS DE SINGIDUNUM
Rezime:
133
VUJADIN IVANI[EVI], Arheolo{ki institut, Beograd
MI[EL KAZANSKI, Nacionalni centar za nau~na istra`ivawa, Pariz
NOVA NEKROPOLA SEOBE NARODA
IZ SINGIDUNUMA
Singidunum je tokom razdobqa Seobe naroda do`iveo zna~ajne promene. Najupe~atqiviji trag ostavile su brojne nekropole ukopane na podru~ju samog logora i grada, kao i u
wegovoj neposrednoj okolini. Prve dve nekropole otkrivene su na prostoru vojnog logora,
dok je najve}a, tre}a istra`ena na prostoru
anti~ke naseobine podignute na dunavskog padini, podno rimskog vojnog logora. Iz grada
poti~e i nalaz rasturenog groba na Zelenom
vencu, kao i jedan grob sa nepoznatim mestom
nalaza. U neposrednoj blizini Singidunuma,
bele`imo usamqeni grob na dana{woj Karaburmi i tragove rasturene nekropole kod
Ostru`nice. U Singidunumu, kao i na wegovoj
{iroj teritoriji konstatovani su tragovi naseqa. Svakako najzna~ajnije naseobine su se
razvile, sude}i prema brojnim nalazima keramike i drugih karakteristi~nih predmeta u
podno`ju kastruma, uz pristani{te, kao i u
okviru samog vojnog logora, podignutog na zavr{etku grede, koja dominira u{}em Save u
Dunav.
Tokom 2005. i 2006. godine, prilikom arheolo{kih istra`ivawa na Beogradskoj tvr|avi, na prostoru Zapadnog podgra|a, otkriveni
su ostaci nove, ~etvrte nekropole Seobe naroda (Nekropola IV). U pitawu je zasebno grobqe. Dva su osnovna razloga {to smo ovu nekropolu posebno izdvojili. Prvi je wena udaqenost od prve, koja iznosi preko 100 metara,
a drugi je socijalna struktura sahrawenih. U
najnovijoj nekropoli otkriveni su grobovi
ratnika, dok su u prvoj ukopani pripadnici
ni`ih dru{tvenih slojeva.
U sondama otvorenim 2005. i 2006. godine,
uz zapadni spoqni zid velikog austrijskog barutnog magacina konstatovana su dva horizonta sahrawivawa. Prvi pripada razdobqu sredweg veka – grobovi 1 i 2/2005, a drugi horizontu Seobe naroda, grobovi 3/2005 i 1 i 2/2006.
STARINAR LVII/2007.
Grob 3/2005
U severoisto~noj polovini sonde 1 iz 2005.
godine, paralelno sa jugoisto~nim profilom,
konstatovani su ostaci pravougaonog ukopa –
grob 3/2005, orijentacije jugozapad – severoistok, u okviru koga su otkriveni ostaci qudskog skeleta. Kosti su bile razbacane u okviru pomenutog ukopa, {to indicira da je grob
opqa~kan i predmeti pokupqeni, a delom rastureni u ukopu i sloju. Ovom grobu sasvim jasno mo`emo pripisati gvozdeni umbo i gvozdeni dr`a~ torbice.
Grob 1/2006
Na`alost grob 1/2006 je samo delimi~no
istra`en budu}i da wegov najve}i deo zalazi
pod severnoisto~ni profil. Prilozi u okviru
otkrivenog dela groba nisu otkriveni. Grob
pripada, smatramo horizontu Seobe naroda,
budu}i da prati orijentaciju druga dva ukopa i
skeleta.
Grob 2/2006
Grob 2/2006 na|en je u sredi{wem delu sonde 1 uz severozapadni profil. Ukopan je u
grobnu raku nepravilnog pravougaonog oblika, dimenzija 2,70 x 1,20 m, sa blago zaobqenim
uglovima, koja je bila ispuwena svetlomrkom
rastresitom zemqom sa tragovima maltera i
ulomcima kamewa, opeke i crepa. Raka je ukopana u malterni pod rimske gra|evine sa hipokaustom. Sa zapadne strane ukop groba je o{te}en ve}im ogwi{tem. Pokojnik je sahrawen u
opru`enom stavu sa rukama uz telo. Orijentacija skeleta je jugozapad – severoistok, sa glavom na jugozapadu i licem okrenutim ka jugoistoku.
Grob nije pqa~kan {to nam dozvoqava da
jasno opredelimo brojne na|ene predmete, koji
se mogu razdvojiti u tri zasebne grupe: predmete koje je pokojnik nosio (1–16), priloge
134
VUJADIN IVANI[EVI], MICHEL KAZANSKI
(17–46) i delove drvenog sanduka ili poklopca (47–49). U prvu grupu spadaju predmeti koji
~ine delove no{we, kao i oni koje je nosio sa
sobom. Sa ovim predmetima pokojnik je sahrawen. Drugu grupu ~ini oprema koja je polo`ena uz pokojnika, prilikom sahrane, sa wegove
leve strane. Re~ je mahom o li~nom naoru`awu koje je izlomqeno polo`eno u grobnu raku.
Umbo i rukohvat {tita su na|eni odvojeno,
duga~ki ma~ je izlomqen na tri dela, ko{tani
luk i vrh kopqa su tako|e polomqeni, dok su
strelice sa delovima tobolca, rasuti mahom
uz levu nogu pokojnika, a delom i uz bok. Ovoj
grupi pripada i stakleni pehar koji je polo`en pored rukohvata {tita. Tre}u grupu predmeta ~ine tri klina koji su pri~vr{}ivali
drveni sanduk ili poklopac koji je pokrivao
grob.
Grobovi otkriveni na prostoru Zapadnog
podgra|a Beogradske tvr|ave pripadaju, kako
smo istakli, novoj, ~etvrtoj nekropoli Seobe
naroda u Singidunumu. Iako su otkrivena samo
tri groba, oni se jasno mogu opredeliti u odnosu na ranije sli~ne nalaze na prostoru Doweg
grada. Nova nekropola se nalazi 100 metara jugozapadno od prve i oba grobqa su, najverovatnije malog obima i odgovaraju mawim zajednicama. Va`an argument za opredeqewe grobova
otkrivenih na lokalitetu Zapadno podgra|e
kao nove nekropole jeste da su na woj sahraweni mahom ratnici, dok su na prvom grobqu sahraweni pripadnici ni`eg socijalnog statusa. Priloge u prvoj nekropoli su ~inili
bronzana i gvozdene fibule, gvozdene pre|ice, gvozdeni no`, bronzana alka, niska perli
i mali srebrni polumese~asti privesak sa
staklenim okcima.
Posebnost nove, ~etvrte nekropole Seobe
naroda, predstavqa pojava grobova ratnika koji se retko javqaju na prostoru provincije Mezije I u prvoj polovini 5. veka i sredinom ovog
stole}e, kako se datuje nova nekropola. Jedan
od retkih ratni~kih grobova ovog perioda otkriven je u Viminacijumu. U grobu br. 1607 iz
ju`nog dela nekropole 2 – Vi{e grobaqa, na|en je umbo tipa Liebenau koji se datuje od
kraja 4. do druge tre}ine 5. veka. U ovom grobu
je na|en i vrh kopqa. Autori publikacije su
predlo`ili datovawe ovog groba u fazu D1
ili D2 i doveli su wegovu pojavu sa mogu}nos}u
postojawa pla}eni~kog »varvarskog« garnizona
u Viminacijumu u drugoj polovini 5. veka,
pred pada grada pod Hune. Ovom horizontu sahrawivawa treba dodati i grob 134 iz Viminacijuma. U Singidunumu tragovi ranih grobova Seobe naroda mogu se ispratiti u Nekropoli III u grobovima 19a, 28, 59 i 78, a mo`da i
42 i 99. Na osnovu analogija prilozi se datuju
u fazu D1 – D2.
Elemente nove duhovne i materijalne kulture na prostoru severnog Ilirika {irili su
u prvom redu vojnici i wihovi sledbenici.
Naseqeni varvari su kao vojnici dobili status federata radi odbrane granice od drugih
varvara koji su stalno pretili upadima na teritorije Carstva. Ja~awe odbrane mo`emo dovesti u vezu sa naporima Teodosija II u odbrani balkanskih provincija Carstva, posebno
izme|u 410. i 425. godine, kada bele`imo zna~ajne aktivnosti na obnovi limesa. Sasvim je
izvesno da je dunavska granica u provincijama
Mezija I, Dakija ripenzis, Mezija II i Skitija,
predstavqala za Carstvo va`nu strate{ku liniju protiv varvara i wihovog upada u centralne delove i dubqe na teritoriju. O ovome
svedo~i i ~iwenica da je skoro tre}ina nabrojanih garnizona u spisu Notitia Dignitatum, 104
ukupno, raspore|ena du` pomenutog dela limesa. U ovom istom dokumentu navodi se Singidunum kao sedi{te prefekta IV flavijeve legije: praefectus legionis quartae Flaviae, Singiduno.
Uprkos naporima Rimqana Huni su prodrli u jugoisto~nu Evropu, ubrzo postav{i gospodari velike panonske nizije u kojoj su se
nametnuli kao gospodari drugim narodima Gotima, Gepidima i Sarmatima, koji su `iveli
na ovim prostorima. Huni su ubrzo predvo|eni
Atilom do{li u sukob sa Carstvom, da bi 441.
godine, pod izgovorom o nepo{tovawu ugovora
iz 434. godine i pona{awu episkopa Marguma,
napali severne granice Carstva i osvojili
brojne gradove i utvr|ewa, me|u wima i one
najve}e Singidunum, Margum, Viminacium, Naissus. Veli~inu krize podvla~i i slede}a vest
Priska koji navodi da je Atila 447. godine zatra`io novim ugovorom povla~ewe rimske populacije od Singidunuma do Naisusa, u dubini
od 5 dana hoda. Ne treba iskqu~iti mogu}nost
da se i deo samih varvara sklonio na teritoriju Carstva pred hunskom opasno{}u. U prilog
ove teze naveli bi i jednu od stavki ve} pomenutog ugovora iz 434. godine izme|u Rimqana i
NOUVELLE NÉCROPOLE DES GRANDES MIGRATIONS DE SINGIDUNUM
Huna, prema kojoj se rimska dr`ava obavezala
da }e predati Hunima sve varvarske prebege.
Veliki broj grobova ovog razdobqa u Singidunumu, u Viminaciumu, ali i u drugim mestima du` dunavskog limesa jasno su svedo~anstvo priliva novih populacija na prostor Mezije I, u prvom redu wenih pograni~nih gradova. Ove demografske promene su u direktnoj
vezi sa zauzimawem Singidunuma, Viminacijuma, kao i drugih gradova 441. godine od strane
Atile i koalicije snaga koje su ~inili Huni,
Germani i Sarmati. Formirawe ve}eg broja
mawih, kao i ve}ih nekropola u okviru jednog
grada svedo~i o razli~itim naseqenim etni~kim grupacijama.
^etvrta nekropola Seobe naroda iz Singidunuma se datuje, na osnovu priloga u grobovima, u prvu polovinu 5. veka, s time {to se materijal iz groba 3/2005 mo`e opredeliti u kraj
4. veka i po~etak 5. stole}a, a grob 2/2006 u
tridesete i ~etrdesete godine 5. veka, u kraj
faze D2, odnosno godine 420/430–450.
Varvari po~iwu da se naseqavaju na podru~ju Mezije I i u wenim gradovima na dunavskoj granici, krajem 4. i u prvim decenijama 5.
veka. Prona|eni tragovi materijalne kulture
jasno svedo~e o jednom novom procesu koji }e
se ubrzati naro~ito nakon pada limesa 441. godine. Nestanak rimske administracije i povla~ewe vojske u Severnom Iliriku, otvorena
STARINAR LVII/2007.
135
su {irom vrata za naseqavawe varvara, koji
zauzimaju i nastawuju nekada bogate gradove, u
prvom redu Singidunum, Margum i Viminacijum. Pojava brojnih nekropola u ovom periodu
jasan su pokazateq naseqavawa mawih zasebnih grupa u gradovima koje se sahrawuju na posebnim grobqima. Grobovi ratnika iz nove,
~etvrte nekropole u Singidunumu, pripadaju
posebnoj skupini sahrana sa oru`jem koje se
javqaju kao grupe grobova ili mawe zasebne
nekropole. Posebno su zastupqene u ovom periodu u oblasti Tise, u isto~nim delovima panonske nizije i severno od oblasti sredweg
Dunava. Re~ je o novoj klasi ratnika koja se
formirala u okviru germanskih zajednica u
vreme hunske dominacije. Wih karakteri{e
oru`je orijentalnog porekla, kao ma~evi
»azijskog« tipa sa gvozdenim za{titnikom,
»nomadske« trobride strelice i drugo. Pomenute odlike nalazimo u okviru na{eg materijala, a ratnik sahrawen u grobu 2/2006 pravi je
izdanak ove nove varvarske kaste. Zahvaquju}i
nalazu srebrne pozla}ene plo~aste kop~e u
istom grobu i analogijama sa identi~nim i
sli~nim nalazima iz Hódmezovásárhelz-Sóshalom i Ártánd-Kisfarkasdomb, grob 16, mo`emo
predpostaviti da je na{ ratnik do{ao iz
oblasti Tise, odnosno isto~nih delova panonske nizije upravo u vreme pomerawa brojnih
varvarskih plemena.